Conflit Arménie-Azerbaïdjan : Calme plat

 


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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Si l’Arménie est pressée de signer l’accord de paix avec sa voisine, ce n’est pas le cas pour celle-ci. Pour Bakou, les conditions ne sont pas remplies. Il suffit à Ilham Aliev de faire entrevoir la menace d’une nouvelle agression, pour que le Premier ministre Nigol Pachinian s’exécute avec plus ou moins de diligence. Donc, pas de guerre entrevue pour le moment.

 

La restitution de quatre villages dans la province du Tavouch, n’a pris que peu de temps. Il a juste fallu convaincre les villageois du bien fondé de la décision de Pachinian, et envoyer des gardes-frontières faire le sale boulot de déplacement de la population. 6,5 km² du territoire arménien ont été ainsi cédés gentiment à l’ennemi. Reste encore les enclaves ainsi que des villages dans le sud, au Syunik. Encore du pain sur la planche pour le « héros » arménien.

 

Une autre étape pour satisfaire l’Azerbaïdjan est la modification de la constitution arménienne en vue de supprimer toute référence au Haut-Karabakh, nettoyé de ses habitants en septembre dernier. Pachinian a annoncé une révision de la dite constitution qui date de Juillet 1995. Comme il aime le répéter « la Constitution est un instrument flexible et à multi-contenu qui équilibre les ailes du pouvoir, les réformes mises en œuvre dans le pays, les développements actuels, la transition sociale et politique. » La messe est dite. Le vœu de Bakou est en bonne voie.

 

Au passage, s’il pouvait supprimer des termes comme ‘génocide’ ou des allusions au mont Ararat, cela ajouterait un plus qui serait très appréciée par la Turquie.

 

Reste bien sûr l’exigence principale sur laquelle Aliev est intransigeant : la création du « couloir du Zanguézour » qui incombe à l’Arménie selon le §8 de l’accord tripartite de cessez-le-feu du 9 novembre 2020 « ()… La République d'Arménie garantit la sécurité des liaisons de transport entre les régions occidentales de la République d'Azerbaïdjan et la République autonome du Nakhitchevan en vue d'organiser la libre circulation des citoyens, des véhicules et des marchandises dans les deux sens. Le contrôle des communications de transport est exercé par les organes des services de garde-frontières de la FSS de Russie. () ».

 

En parlant de ce qui incombe aux uns et aux autres, cela ne vous rappelle rien ? Le couloir de Latchine qui reliait le Haut-Karabakh à l’Arménie sous la responsabilité des soldats russes de maintien de la paix et que, toujours selon le même accord tripartite du 9 novembre 2020 stipule au §6, « La République d'Azerbaïdjan garantit la sécurité de la circulation des citoyens, des véhicules et des marchandises dans les deux sens le long du corridor de Lachine. » On a vu comment le dictateur Aliev a respecté  sa signature. Comme disait Jacques Chirac « Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. »

 

Il faut dire qu’à l’été 2020, Erevan avait encore de bonnes relations avec Moscou, bien que Poutine ait quelque peu tardé à « siffler la fin de la récréation » de la seconde guerre du Haut-Karabakh au bout de 44 jours. Depuis les choses se sont sérieusement dégradées, vu que le tsar avait d’autres idées en tête.

 

Ce lâchage de l’Arménie s’est amplifié au lendemain de la guerre des 44 jours. Le potentat en a profité. A l’été 2021 les troupes azerbaïdjanaises ont envahi le secteur de Sotk-Khoznavar, et l’OTSC n’a pipé mot. En février 2022, la guerre russo-ukrainienne a commencé. Une nouvelle incursion azerbaidjanaise le 12 mai 2022, n’a pas été suivie d’une réaction appropriée de l’OTSC, qui s’est contentée d’envoyer une mission d’observation. Du pain béni pour Aliev. Voyant cela, et après l’énorme bourde(*) du « héros » Nigol Pachinian, il bloque le couloir de Latchine en décembre 2022 ; suivi de la mise en place d’un poste-frontière à l’entrée du couloir en mai 2023 et l’exécution en septembre de la même année de son plan machiavélique : le nettoyage ethnique.

 

A ce jour, occupé qu’il est avec l’Ukraine, Poutine a délégué la problématique du conflit Arménie-Azerbaïdjan au tandem turco-azéri. Lequel tandem a pris l’Arménie en tenaille et joue ‘au chat et à la souris’ avec Pachinian. Quant à son mandat de coprésident du groupe de Minsk de l’OSCE, il est devenu caduque.

 

Seul les Etats-Unis et l’Union européenne poursuivent le travail du groupe de Minsk, en mettant la pression sur le plus faible moyennant financement et aides divers, et minimisant les propos haineux et autres dérapages anti-arméniens du plus fort. Deux poids, deux mesures.

 

Ce lâchage de l’Arménie a eu une autre conséquence : l’Armement. Tous les équipements ou presque étaient fournis par Moscou. La Russie ne livre même pas le matériel acheté et payé par Erevan. Pachinian a du diversifier ses approvisionnements militaires en se tournant vers la France – seul pays engagé à la défense de l’Arménie, autrement que par des bla-bla -, et ce d’autant plus depuis septembre 2023, date de la chute de la République d’Artsakh et de son nettoyage ethnique.

 

Un point positif pour Pachinian. Effectivement, ce n’est pas à la diaspora arménienne de dicter la conduite du gouvernement de l’Arménie. Il n’en demeure pas moins qu’elle intervient comme relais du conflit Arménie-Azerbaïdjan et amplificateur des dérapages constatés dans les négociations en cours.

 

 

 

 

(*) : En marge du Sommet européen de Prague du 6 octobre 2022, il reconnait l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et donc implicitement que le Haut-Karabakh en fait partie. Au Sommet européen de Reykjavik des 16 et 17 mai 2023, il enfonce le clou en reconnaissant, cette fois explicitement, que le Haut-Karabakh fait partie intégrante de l’Azerbaïdjan.

 

 

 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Today.az et de APA


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Arménie

 


« L’Arménie est véritablement engagée à conclure l’accord sur l’établissement de relations de paix et de relations interétatiques avec l’Azerbaïdjan, ancré dans les principes de reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale de l’autre et de délimitation de la frontière de l’État sur la base de la Déclaration d’Alma-Ata de 1991, sur le déblocage des infrastructures de transport régionales sur la base du plein respect de la souveraineté et de la juridiction des pays, ainsi que les principes d’égalité et de réciprocité », a déclaré le ministre arménien des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan le 15 juillet lors de la présentation du 3e examen national volontaire (ENV) de l’Arménie, résumant les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, y compris ses objectifs et cibles.

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Etats-Unis

 


Les ministres des Affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, Ararat Mirzoyan et Jeyhun Bayramov, sont à Washington pour participer au sommet avec des représentants d’autres Etats partenaires de l’OTAN.

 

Le département d’État américain a reconnu la semaine dernière qu’il espérait organiser de nouvelles discussions entre eux lors du sommet des 9 et 10 juillet.

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Russie

 


« La Russie craint que la mission de l’UE à la frontière avec l’Azerbaïdjan ne devienne permanente avec l’approbation de l’Arménie. Il y a également des raisons de croire que les pays occidentaux collectent des renseignements sur les installations russes, ainsi que sur tous les États voisins de l’Arménie, pendant la mission de l’UE en Arménie. Nous sommes également préoccupés par le fait qu’avec l’approbation d’Erevan, la mission non seulement s’étend, mais menace de passer de temporaire à permanente, » a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Galuzine.

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Turquie-Azerbaïdjan

 


« La Turquie s’attend à une signature rapide d’un traité de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Une opportunité historique pour établir la paix a été créée dans le Caucase du Sud. C’est une opportunité non seulement pour les pays de la région, mais aussi dans le contexte du déblocage des centres de transport internationaux. C’est important non seulement pour le monde turc mais aussi pour la sécurité mondiale, »
a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, lors d’une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation des États turcs (OTS).

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Today.az et de APA