Les « à-côtés » du conflit Arménie-Azerbaïdjan

 

 

***

 

Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

***

 

Commentaires

 

***

 


Selon les chiffres officiels de Bakou, il y a 22 prisonniers arméniens en Azerbaïdjan, dont 17 ont été capturés suite à l’invasion militaire azéri du Haut-Karabakh en 2023. Parmi eux figurent les anciens présidents du Haut-Karabakh Arkadi Ghougassian, Bako Sahakian et Arayik Haroutiounian, l’ancien ministre d’État Ruben Vartanian, l’ancien commandant de l’armée de défense Levon Mnatsaganian, l’ancien commandant adjoint David Manoukian, ainsi que l’ancien ministre des Affaires étrangères David Babayan.

 

Officieusement, il faut au moins tripler ce nombre. Des « terroristes » et/ou des « fascistes » selon le vocabulaire azéri, qui ne verront jamais le jour, qui n’ont aucune existence légale et que le CICR ne peut donc pas visiter. Un peu comme certains prisonniers de Guantánamo.

 

Le constat du mois dernier ne fait que confirmer la prévision : La signature d’un accord de paix n’est pas pour cette année. Si près des 70% des points ont été validés, les 30% restants posent de gros problèmes à l’Arménie. On trouve dans les points en suspens la modification de la Constitution arménienne pour ne plus voir apparaitre le nom du Haut-Karabakh et encore moins une quelconque réunification ; la présence de militaires azéris sur le territoire arménien ; et bien sûr la mise en service du corridor du Zanguézour sous contrôle russe, donc extraterritorial, pour relier l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan et couper physiquement l’Arménie de l’Iran.

 

Moscou et Bakou, grands partenaires économiques, font pression sur Erevan pour que ce dernier mette en œuvre les décisions de l’accord tripartite de cessez-le-feu du 9 novembre 2020. Ils se gardent bien de dire qu’ils ont tous les deux failli aux tâches qui leur incombaient. Comme : Assurer la sécurité des Arméniens du Haut-Karabakh et leur libre circulation dans le couloir de Latchine, pour la Russie, et pour l’Azerbaïdjan, ne pas agresser les Karabakhis, échanger les prisonniers de guerre, pour finalement s’accaparer du couloir de Latchine, imposer un blocus total aux habitants et procéder à leur nettoyage ethnique.

 

En ajoutant Erdoğan, les trois autocrates anti-Arméniens s’entendent comme larrons en foire pour se payer allègrement la tête de l’Union européenne.

 

Le premier, en vendant son gaz à l’UE en passant par des pays tiers, comme par exemple le tandem turco-azéri. Poutine se joue des sanctions européennes et des condamnations internationales, il commerce allègrement avec le Moyen-Orient et les pays asiatiques, Chine en tête. Il faut bien alimenter sa machine de guerre.

 

L’Azerbaïdjan se fait une virginité écologique en se faisant passer pour « un partenaire fiable » aux yeux de Mme Van der Leyen. Il a même réussi à organiser la COP29 chez lui, alors que c’est un pétro-État autoritaire qui présente un bilan désastreux en matière de droits humains, notamment avec la répression de manifestations pour la défense de l’environnement et l’arrestation de journalistes. Une broutille quoi ! Ilham Aliev, conseillé par son mentor ottoman, titille son ennemi séculaire, lui faisant miroiter des lendemains qui chantent s’il signe un accord de paix … à ses conditions. Depuis quand le dictateur azéri a-t-il respecté ses engagements ? Il faut s’appeler Nigol Pachinian ou Bruxelles pour avaler ses couleuvres.

 

La France, seul pays à comprendre la problématique arménienne, a beau livrer des armes défensives à l’Arménie, l’armement de l’Azerbaïdjan lui reste supérieur, en nombre et en effectif. La Russie, la Turquie, et surtout Israël, sont là pour subvenir à ses besoins. Car ne nous y trompons pas, Aliev l’a dit et répété : 1- le couloir du Zanguézour doit voir le jour, sinon … ; 2- l’Arménie est un ancien territoire azerbaidjanais, aussi … . Même si ce n’est pas pour tout de suite, les objectifs n’ont pas changé. Donc : « à bon entendeur, salut ! »

 

Reste le troisième, et sans aucun doute le plus retors. Depuis des années, la ‘sublime porte’ joue au chat et à la souris avec l’exécutif européen en fricotant sur les deux tableaux, surtout depuis la guerre russo-ukrainienne. Tout comme son vassal Aliev, Erdoğan réachemine le gaz russe vers l’Europe. Après avoir ridiculisé la présidente de la Commission européenne en avril 2021 (sofagate), l’homme malade de l’Europe continue de lui soutirer des milliards pour bloquer, en principe, les migrants à sa frontière. Un robinet qui n’est pas tout à fait fermé. Nonobstant cette humiliation, Bruxelles poursuit officiellement les négociations d’adhésion UE-Turquie, gelées depuis 2016, et lui verse des dizaines de millions par an pour mettre à niveau nombre de ses faiblesses ; alors que tout le monde sait pertinemment que la ‘chose’ ne se fera pas.

 

Les Etats-Unis, fidèles à leur politique dans le Caucase du Sud, caressent les uns et les autres dans le sens du poil, diffusant les mêmes généralités inodores depuis des décennies. Mais pas question d’intervenir directement, ils ont pour cela trois leviers.

 

 - L’OTAN, qui aide et assiste les trois pays caucasiens par des conseillers et des exercices communs.

 - Israël, quand il s’agit de calmer les velléités de l’Iran et de ses acolytes. On notera que l’Etat Hébreu dispose du feu vert permanent de Washington pour faire ce qu’il veut contre qui il veut. Personne n’a été vérifier ses dires. Ce n’est pas un hasard si Tel Aviv vend des armes à Bakou, en échange, il maintient des postes d’observation vers l’Iran. Tant pis pour les Arméniens, des gens qui ont eu l’outrecuidance de déclarer les événements de 1915 de ‘premier génocide du XXème siècle’. Il ne peut exister qu’un seul et unique génocide !

 - La Turquie, membre de l’OTAN, qui est utilisée quand il s’agit de contrer les activités de la Russie dans la région. Mais à l’inverse de Netanyahou, Erdoğan n’a pas ‘carte blanche’ des Etats-Unis, car en face, c’est Moscou, qui reste une grande puissance, même si elle est affaiblie.

 

La victoire de novembre 2020, suivie du nettoyage ethnique du Haut-Karabakh de septembre 2023, ont permis à Ilham Aliev de se calmer un peu. Ses discours sont moins guerriers. Si l’on ajoute les dizaines de km² de territoire arménien que Nigol Pachinian lui a cédé, il se retrouve dans la situation d’avant l’indépendance. Mais cela ne lui suffit pas. Toutefois, l’Arménie de septembre 2024 n’est pas l’Arménie de septembre 2020, il n’est pas dit qu’une nouvelle guerre serait gagnée et que les conséquences lui seraient favorables. 

 

 

 

 

***

 

Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.amde Today.az, de News.az, et de APA,


***

 

Arménie

 


« Le 30 Août, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont signé le règlement sur l’activité conjointe des commissions frontalières.

 

Conformément au Protocole de la 8e réunion de la Commission de la délimitation et de la sécurité des frontières entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et de la Commission d’État de la délimitation de la frontière entre les deux pays, signé le 19 avril 2024, les commissions ont achevé l’alignement du règlement sur les activités conjointes", a déclaré le ministère arménien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Suite

 

***

 

Etats-Unis

 


« Les États-Unis partagent les observations et les préoccupations de la mission de surveillance du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme de l’OSCE concernant les élections législatives azerbaïdjanaises du 1er septembre,

 

Et nous exhortons l’Azerbaïdjan à mettre en œuvre les recommandations précédentes de l’OSCE ainsi que celles à venir, et à permettre à son peuple d’exercer ses libertés fondamentales conformément à sa constitution et à ses engagements internationaux », a déclaré le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, lors d’un point de presse quotidien.

 

« Les élections législatives anticipées en Azerbaïdjan n’ont pas offert aux électeurs de véritables alternatives politiques et se sont déroulées dans un cadre juridique trop restrictif des libertés fondamentales et des médias, bien qu’elles aient été préparées efficacement, » ont déclaré de leur côté les observateurs internationaux dans un communiqué après le vote.

 

***

 

Russie

 


Le dirigeant russe a effectué une visite d’État en Azerbaïdjan les 18 et 19 août. Le 23 août, Vladimir Poutine a appelé le Premier ministre Nigol Pachinian pour l’informer des résultats de sa visite à Bakou.

 

« Les discussions se sont poursuivies sur la normalisation des relations arméno-azerbaïdjanaises, notamment en tenant compte des entretiens de Poutine avec le président Ilham Aliev lors de sa visite d’État à Bakou.

 

La volonté de la partie russe de continuer à fournir une assistance à l’Arménie et à l’Azerbaïdjan dans l’élaboration d’un traité de paix, la promotion du processus de délimitation et de démarcation des frontières, ainsi que le déblocage des liaisons de transport et de logistique [régionales] », indique le communiqué.

Suite

 

***

 

Turquie-Azerbaïdjan

 


« Nous pouvons parvenir à la paix dans le Caucase du Sud. C’est accessible. Les derniers développements dans le processus de négociation entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie le démontrent.

 

Près de 80% des paragraphes de l’accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont été approuvés. Nous avons déjà commencé le processus de délimitation des frontières, mais aussi la démarcation. Oui, c’est un premier petit pas. Cela représente 13 kilomètres de notre frontière avec l’Arménie, sur les 1000 kilomètres. Mais c’est un pas dans la bonne direction, et nous espérons que l’initiative de l’Azerbaïdjan d’entamer des négociations de paix aboutira à un accord de paix, » a déclaré le président Ilham Aliev, lors de la session intitulée « Le rôle de l’Azerbaïdjan dans le nouvel environnement géopolitique » au Forum international de Cernobbio.

Suite

 

 

 

 

 

*

**

***

 

 

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Today.az, de News.az, et de APA,