L’Arménie tend la main, l’Azerbaïdjan menace

 


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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Depuis le début de l’année l’Arménie ne cesse de proposer à l’Azerbaïdjan un accord de paix basé sur la Déclaration d’Alma-Ata, c’est-à-dire sur la reconnaissance de l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’autre partie à l’intérieur des frontières administratives des anciennes républiques soviétiques.

 

Et pour joindre le geste à la parole, le Premier ministre arménien a ‘restitué’ quatre localités à Bakou. Le président azéri n’a rien restitué du tout, des 200 km² de territoires de l’Arménie qu’il occupe depuis la fin de la guerre de 44 jours de 2020.

 

En accord tacite avec son mentor, le président turc Recep Tayyip Erdoğan, le dictateur Ilham Aliev ajoute à chaque étape des négociations de paix, une nouvelle exigence pour signer le dit accord.

 

On comprend que le leader arménien, Nigol Pachinian, veuille absolument signer cet accord avant la fin de l’année. De son point de vue, plus vite l’accord sera signé, plus vite l’Arménie vivra en paix. Ses « amis » occidentaux, Etats-Unis et Union européenne en tête, poussent dans ce sens. Toutefois, en y regardant de plus près, ils sont loin d’être nourris par altruisme, et ne poursuivent même pas les mêmes intérêts. 

 

Washington, hormis la parenthèse de 1920 (traité de Sèvres), n’en a strictement rien à faire de l’Arménie. Un petit pays du Caucase, lié à la Russie par de multiples traités, qui n’a aucune richesse ni en surface, ni en sous-sol. Son seul attrait, et encore, c’est d’être le premier pays chrétien au monde avec sa richesse culturelle sur le plan moral, et sa volonté farouche d’être une démocratie sur le plan politique. Erevan pourrait éventuellement intéresser l’Oncle Sam, s’il était une épine dans le pied de Poutine, un peu comme la Géorgie en son temps. Le reste relève d’un bla-bla hypocrite, comme l’a montré son comportement pendant 25 ans dans le groupe de Minsk de l’OSCE, et je ne parle pas de sa reconnaissance tardive du génocide des Arméniens en 1915. A ce jour, son action relève plus d’un contrepoids face à la Russie, que d’un réel engagement sur les droits des Arméniens du Haut-Karabakh. USAID est là pour donner le change.

 

Bruxelles est redevenue ce qu’elle était avant, à savoir une communauté économique européenne (CEE) même si le traité de Maastricht l’a transformé en Union européenne. L’UE n’est pas une force politique et encore moins une force militaire. A vingt-sept, il est quasi impossible d’avoir une ligne claire sur ces deux points. De plus, les résolutions votées par le parlement européen restent souvent lettres mortes. L’exécutif n’en tient absolument pas compte. La realpolitik prime. Le comportement de la Commission, tout comme celui du Conseil, évite de vexer Bakou, met les antagonistes (Azerbaïdjan et Arménie) sur le même plan, et privilégie l’importation des énergies fossiles, le pétrole et surtout le gaz. Les droits humains passent au second plan.

Seule la France semble avoir pris la juste mesure de ce qu’est l’Azerbaïdjan ; une dictature, qui n’a cure des valeurs occidentales et est très proche des intérêts russes.

 

Quid de l’Azerbaïdjan ?

 

Le vendredi 4 octobre, lors d’une réunion avec les résidents azerbaïdjanais de Jabrayil, (le nom azerbaïdjanais du quartier historique arménien de Jrakan), Ilham Aliev a admis qu’il avait mené une guerre d’agression contre l’Arménie et le Haut-Karabakh, a annoncé son intention de la répéter, appelant plusieurs fois les Arméniens à « ne pas oublier » ce que l’Azerbaïdjan est capable de faire. Certains diront que c’est à usage interne pour la population azerbaidjanaise, mais quand on connait l’individu, le non-dit est tout aussi clair.

 

Le 9 octobre 2020, il a donné deux interviews, précisant comment il voit les choses et surtout ses futures intentions.

1-   -   La chaîne de télévision Sky News a diffusé une interview du président Ilham Aliev

2- - L’émission « The Connect World » de la chaîne de télévision CNN International a diffusé une interview du président Ilham Aliev

 

Indépendamment de sa mauvaise foi et des nombreuses contre-vérités pour justifier ses agissements envers l’Arménie, il a annoncé clairement ses intentions concernant ses futurs accaparements. Il faut lui reconnaitre qu’il annonce presque toujours ce qu’il compte faire, et qu’il fait ce qu’il a annoncé, avec l’aide plus ou directe de la Turquie.


On notera que depuis son rapprochement avec Moscou, il a ajouté les Etats-Unis et l’Union européenne à sa liste des pays inamicaux. Il y a des années que la France est déjà black-listée. Aussi, quand il s’en prend au Groupe de Minsk de l’OSCE, il pense surtout aux Occidentaux.

 

Nigol Pachinian dispose toutefois un petit ballon d’oxygène. Ilham Aliev ne tentera rien cette année et surtout pas avant la fin de la COP29 (11-22 novembre 2024), observé qu’il sera par le monde entier. Il a également fort à parier qu’aucun accord ne sera signé en décembre, vu que l’Arménie n’aura pas modifié sa Constitution d’ici là.

 

Par contre ce qu’il reste fort d’arriver, ce sont les suites de la 29ème Conférence des Parties sur le changement climatique. Suivant que l’Azerbaïdjan sera loué ou non pour son comportement en matière climatique, suivant qu’il sera plus ou moins critiqué pour ses agissements liés au conflit du Haut-Karabakh, Ilham Aliev ajustera en temps et en volume la mise en œuvre de ses menaces anti-arméniennes.

 

 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, et de APA


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Arménie

 


« L’Azerbaïdjan continue de résister à la signature d’un accord de paix avec l’Arménie, ce qui renforce le sentiment que la force prime le droit. La pression occidentale est nécessaire de toute urgence pour aider à assurer une paix juste et durable entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Et le moment actuel offre une occasion rare d’atteindre cet objectif.

 

Selon les journaux, l’Azerbaïdjan prévoit de profiter de l’organisation de la COP 29 en novembre pour appeler à une trêve mondiale dans tous les conflits armés. Bien que cette intention soit louable, elle contient une tournure ironique. 

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France

 

Le Premier ministre Nigol Pachinian est à Paris pour une visite de travail de trois jours, et participera au sommet ordinaire de l’Organisation internationale de la Francophonie.

 

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Nigol Pachinian
et le président Emmanuel Macron se sont rencontrés jeudi 3 octobre au palais de l’Elysées et ont discuté des questions liées à l’agenda Arménie-France.

 

L’importance de la mise en œuvre continue de mesures cohérentes visant à développer et à renforcer des relations amicales a été soulignée.

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Turquie-Azerbaïdjan

 


« Aujourd’hui est un jour de deuil pour les forces anti-azerbaïdjanaises. Ainsi, comment se fait-il que, sans notre permission, sans rien demander à personne, sans craindre personne, sans tenir compte de personne, l’Azerbaïdjan a rétabli ses droits ? Grâce à ses propres forces, grâce au dévouement de ses fils. Les Arméniens ne peuvent pas nous le pardonner", a déclaré le président Ilham Aliev vendredi lors d’une réunion avec les résidents azerbaïdjanais de Jabrayil.

 

« Aujourd’hui, l’Amérique impose des sanctions à l’Azerbaïdjan. Et après cela, ils disent : Renforçons notre amitié. De quel type d’amitié pouvons-nous parler ?

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, et de APA