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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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En 2022, l’ONU a pensé que
faire la COP28 dans un pays producteur de pétrole allait marquer la fin des
énergies fossiles. C’est ainsi que la 28ᵉ Conférence des Parties sur les
changements climatiques s'est tenue à Dubaï en décembre 2023. L’ensemble des
195 parties s’est engagé vers la sortie des énergies fossiles et a affirmé plus
à ne pas dépasser 1,5° de hausse du climat et atteindre la neutralité carbone
en 2050.
Hélas, un an plus tard, on constate déjà une dérive par rapport aux prévisions. En choisissant l’Azerbaïdjan, comme pays hôte de la COP29, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s’est quelque peu fourvoyée. Les énergies fossiles représentent pour ce pays 92% de ses exportations et 49% de ses revenus. De nouveaux gisements ont été découverts et sont en cours d’exploitation. Une manne que le dictateur azéri compte bien utiliser à des fins personnelles.
Bien que l’émir de Dubaï, Mohammed
ben Rachid Al Maktoum, n’a strictement rien à voir avec l’autocrate azéri - Ilham
Heydər oğlu Əliyev, c’est tout de même lui qui a poussé la candidature de l’Azerbaïdjan
pour la prochaine convention. Alors qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre ce qu’on
pourrait appeler des ‘Démocrates’, on constate toutefois que le premier essaie
de faire bon usage des pétrodollars en relevant le niveau de vie de son peuple,
alors que le second « arrose » allègrement sa famille et son premier cercle de fidèle. On se souvient
encore des biens immobiliers détenus dans plusieurs pays par son fils, lorsque
celui-ci avait 10 ans. Quant aux opposants et/ou journalistes qui dénoncent ces
dérives, ils croupissent en prison quand ils ne sont pas supprimés. La justice de
Bakou, comme celle de Moscou, suit les directives de l’homme fort du régime.
Pour bien se faire voir par
la communauté internationale, Aliev a annoncé le lancement de plusieurs
chantiers en vue de diminuer l’empreinte carbone. Création de ministères, de plusieurs
Agences et Commissions, bref, enclencher un cercle vertueux.
Depuis plusieurs années
déjà, il n’hésite pas à montrer sa « générosité », directement ou
indirectement, envers les Organisations et/ou les personnes influentes. Citons pêle-mêle :
des politiciens(nes) pour obtenir leurs votes dans les instances
internationales (la diplomatie du caviar) ; Donations aux bonnes œuvres de
l’UNESCO, pour que l’Organisation ne se déplace pas dans les régions où le
patrimoine arménien est détruit ; Donations aux bonnes œuvres du Vatican,
pour faire passer le patrimoine cultuel arménien - quand il n’a pas été déjà détruit,
pour des vestiges Albanais du Caucase (les Aghvans). Tout ce qui prouve la
présence séculaire arménienne doit être détruit ou à défaut réaffecté.
Aussi, lorsqu’on lit les
articles de nombreux journaux comme le NouvelObs ou Regard sur l’Est sur l’élève Bakou, on se demande bien
pourquoi la CCNUCC a choisi l’Azerbaïdjan comme lieu de discussion pour la
COP29 ? La Convention croit-elle vraiment que l’autocrate azéri va changer
au point de laisser choir les énergies fossiles, ce qu’il appelle le « don de Dieu » ? Une des premières à tomber dans le
panneau fut la présidente de la Commission de l’UE, Ursula Von der Leyen, qui
en juillet 2022 a signé un accord gazier et énergétique, soi-disant propre, avec
Ilham Aliev, faisant fi des résolutions du Parlement européen qui révélaient la vraie nature du régime et ses dérives permanentes.
Se croyant suffisamment
puissant, il s’est permis dans son discours inaugural de la COP29 de tancer
l’Arménie (Cf. § Turquie-Azerbaïdjan) avec laquelle il est censé signer un
accord de paix. Et comme cela ne suffisait pas, il a instrumentalisé la tribune
à des fins personnelles pour déverser son fiel et ses ressentis envers ses
détracteurs, à commencer par l’Union européenne, les Pays-Bas et la France. Suite
à cette diatribe, la représentante de la France, la ministre de la Transition
écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé qu'elle n'irait pas à la COP29.
Il est heureux que l’Arménie n’ait pas envoyé de représentants à la Convention,
on ne saura pas s’ils auraient ou pas quitté la salle.
Le gouvernement arménien
est obnubilé par la signature rapide d’un traité de paix, et reste persuadé que
l’Azerbaïdjan va jouer franc-jeu et respecter ses engagements. Dans cette
optique, il n’a cessé depuis 2020 de donner des signes de volonté.
Pour ne pas fâcher le potentat,
il a accepté que le Haut-Karabakh retombe sous le joug azéri et que ses 110.000
habitants soient chassés de leurs terres ancestrales. Et comme cela ne suffisait
pas, il a officiellement cédé 57 km² du territoire arménien, continue de fermer
les yeux sur les 200 km² de territoire arménien toujours occupé, et tolère que
23 prisonniers soient toujours retenus dans les geôles azéries. Dernier geste
en date, il a donné son aval pour que l’Azerbaïdjan puisse accueillir la COP29.
Quelle mouche a donc piqué
Pachinian pour qu’il commence à se rebiffer, en ne se rendant pas à la COP29 ou
en refusant de modifier la Constitution de l’Arménie ? S’est-il enfin
rendu compte que le président azerbaïdjanais ne cessait de le mener en
bateau ? Que les demandes d’Aliev n’avaient pas de fin ? Et que le
dictateur n’avait aucune envie de restituer quoi que ce soit, voire le
contraire ?
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Traduction
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Today.az et de APA
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Arménie
« Le processus de reconnaissance internationale du génocide arménien n’est pas notre priorité numéro un. Faire du génocide arménien, étudier les épisodes tragiques de l’histoire, la priorité numéro un n’est certainement pas à l’ordre du jour de l’Arménie », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan lors des discussions budgétaires à l'Assemblée nationale.
« Un dialogue dynamique et positif est en cours entre l'Arménie et la Turquie. Les autorités compétentes des deux pays ont effectué des travaux pour évaluer l'état des infrastructures à la frontière. Des travaux sont en cours pour évaluer l'état de la ligne ferroviaire Kars-Gumri.
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Union
européenne - France
Le Premier ministre Nigol Pachinian et le président Emmanuel Macron se sont rencontrés le 7 novembre à Budapest. Les interlocuteurs ont discuté des questions liées à la coopération Arménie-France.
Ils ont souligné l'importance des rencontres régulières de haut niveau, qui offrent l'occasion de discuter à la fois de l'agenda bilatéral et d'autres questions d'intérêt mutuel.
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États-Unis
« Les États-Unis félicitent l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour avoir formalisé les règles de procédure pour la délimitation des frontières, démontrant que des progrès sont possibles grâce à un dialogue soutenu. Nous soutenons les efforts des deux parties en faveur d'une paix durable et digne pour la sécurité et la prospérité dans la région », a déclaré le porte-parole du département d'État américain, Matthew Miller.
Le document a été signé le 30 août. Le 25 octobre, les présidents arménien et azerbaïdjanais ont signé la loi sur le règlement de l'activité conjointe des commissions frontalières arménienne et azerbaïdjanaise.
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Russie
« Nous avons fait et faisons tout pour normaliser les relations azerbaïdjano-arméniennes, pour assurer une paix durable dans le Caucase du Sud. Nous continuerons d’aider les parties à travailler sur un traité de paix, sur la délimitation de la frontière de l’État et sur le déblocage des communications économiques et de transport conformément aux accords trilatéraux bien connus conclus au plus haut niveau en 2020-2022 », a déclaré le président Vladimir Poutine lors de la cérémonie, où les ambassadeurs de plusieurs pays ont présenté leurs lettres de créance.
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Turquie-Azerbaïdjan
« Malgré l'occupation par l'Arménie de 20 % du territoire internationalement reconnu de l'Azerbaïdjan pendant près de trente ans et le déplacement de près d'un million d'Azerbaïdjanais de leurs terres ancestrales, nous avons pu construire un pays fort, sécuriser l'économie et mettre en œuvre une politique indépendante.
Il y a quatre ans, nous avons célébré la victoire historique de la Seconde Guerre du Karabakh et avons ainsi pleinement restauré notre souveraineté. Tout cela était conforme à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
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Les
magouilles de Bakou
Le nouveau rapport de Transparency International, coécrit avec l'Anti-corruption Data Collective (ACDC), avertit que l'absence de mesures solides d'intégrité et de lutte contre la corruption lors de la COP29 a ouvert la porte au gouvernement azerbaïdjanais pour utiliser le sommet comme couverture diplomatique pour faire avancer ses intérêts nationaux en matière de pétrole et de gaz et conclure de nouveaux accords sur les combustibles fossiles.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Today.az et de APA