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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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Aussi bien le Premier ministre arménien, Nigol Pachinian que le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, veulent la paix entre leurs deux pays. On ne peut que se réjouir. Petit problème : la notion de paix diffère d’une capitale à l’autre, ou plus exactement d’un individu à l’autre ; il suffit pour cela de lire les vœux que les deux dirigeants ont adressés à leur population le 31 décembre dernier.
Vous pouvez prendre
connaissance de l’intégralité des propos de Pachinian et d’Aliev. Des extraits sont présents dans les paragraphes
Arménie et Turquie-Azerbaïdjan. Cela appelle quelques commentaires.
Nigol Pachinian se décerne
un satisfecit du travail accompli par lui-même et son équipe en 2024, notamment
par la cession de 57 km² de territoire de l’Arménie, ce qui représente les
trois enclaves azéries du Tavouch composées de six villages inoccupées(*) ainsi
que d’une partie du tronçon Berkaber-Kirants-Voskepar, le tout au grand dam de
la population déplacée. Ce qui a permis de délimiter 13 km de frontière sur les
687 km que compte la frontière arméno-azerbaïdjanaise (Nakhitchevan compris).
À noter que l’enclave
arménienne d’Asdvadzachene située en Azerbaïdjan n’a pas été restituée et
probablement, ne la sera jamais. Si on ajoute à cela les 243 km² toujours
occupés par l’armée azérie depuis 2021, il faut vraiment avoir une sacrée dose
d’optimisme pour espérer un geste de la part du sieur Aliev.
L’Arménie Réelle de Nigol
Pachinian ressemble plus à une suite de renoncements qu’à une
« Réelle » vision d’avenir. Pertes territoriales ; abandon de la
notion de Nation arménienne au profit de la citoyenneté arménienne ;
remplacement de l’Histoire arménienne par l’Histoire de la république
arménienne.
Plus aucune allusion au
Haut-Karabakh et à ses habitants chassés de leur foyer. Plus aucune allusion au
vingt-trois prisonniers politiques et otages qui croupissent dans les prisons
azéries. Quant au combat mené depuis des décennies par la diaspora arménienne à
travers le monde : La reconnaissance par la Turquie du génocide des
Arméniens en 1915, c’est une idée saugrenue et dépassée pour le chantre d’une
Arménie Véritable.
Le pire, c’est que ce
faisant, le Premier ministre est persuadé que le tandem turco-azerbaïdjanais va
le remercier pour ses gestes de bonne volonté et signer l’accord de paix
moyennant encore quelques capitulations.
Alors que Pachinian reste
flou dans les concessions qu’il compte faire à Bakou pour 2025, il espère
signer le plus rapidement possible un accord de paix pour assoir l’Arménie
Réelle. Aliev, lui, se vante de ses victoires et de ses reconquêtes sur les
Arméniens et dessine le contour du travail qu’il compte mener pour ouvrir
rapidement la liaison Nakhitchevan-Azerbaïdjan et réunir le Zanguézour
occidental, c’est-à-dire le Syunik, au Zanguézour oriental, c'est-à-dire l’Azerbaïdjan.
Pour ce faire, il va
allouer des sommes conséquentes pour se réarmer encore plus - merci Israël, au
motif que l’Arménie se lance dans des achats d’armes occidentales, françaises notamment.
Il compte également repeupler les territoires conquis par les Azéris qui ont
fui lors de la guerre du Karabakh, sans oublier bien sûr de maintenir la
pression à la frontière arménienne.
Le bouc émissaire que sont l’Arménie, lui permet de maintenir la haine anti-arménienne dans sa population en
rappelant le soi-disant génocide de Khojalou, en taxant les militaires
arméniens de terroristes et les dirigeants arméniens de terroristes.
Et si Pachinian a encore un doute sur les intentions de Bakou concernant l’Arménie, les derniers propos d’Ilham Aliev sont édifiants. Et vu sa réponse, cela ne fera qu’encourager l’autocrate.
Sans doute sur l’insistance
de ses conseillers, une mise au point s’imposait. C’est sa feuille de route pour
instaurer la paix. Est-ce que cela changera quoi que ce soit aux intentions de Bakou
? C’est peu probable.
Le dictateur sait très
bien que l’Arménie n’a ni l’intention et encore moins les moyens d’attaquer le
Haut-Karabakh. Aussi, ses propos sur la modification de la constitution
arménienne portant sur le Karabakh, ne sont que de la poudre aux yeux et ne
servent qu’à faire trainer les négociations de paix et gagner du temps.
Son objectif principal, soutenu en cela par la Turquie, est
d’établir une liaison sécurisée Nakhitchevan-Azerbaïdjan quel qu’en soit le prix. Personne ne
viendra aider l’Arménie, autrement qu’en paroles, en cas d’agression contre le
Syunik.
(*) : Baghanis-Ayrum,
Nerkin Voskepar (Ashagi Askipara) et Verin Voskepar (Yukhari Askipara),
Barkhudarly, Sofulu et Tigranashen (Kyarki)
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Traduction
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Arménie
Le Premier ministre Nigol Pachinian a adressé un message de félicitations à l'occasion du Nouvel An. Extraits :
«
()… L’Arménie Réelle est la base conceptuelle, idéologique et la justification
de notre Agenda de Paix, et je tiens à dire directement que sans l’Arménie
Réelle, la mise en œuvre de l’idéologie de l’Agenda de Paix est impossible.
()… C'est ce que nous avons fait en avril-mai 2024, lorsque j'ai présenté pour la première fois le concept de la Véritable Arménie, avec le processus pivot de délimitation dans le tronçon Berkaber-Kirants-Voskepar.
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Turquie-Azerbaïdjan
Le président Ilham Aliev a adressé ses vœux à l'occasion du Nouvel An. Extraits :
« ()…
Des réalités ont été créées par la Guerre Patriotique. La restauration de notre
souveraineté nationale a renforcé ces réalités et nous avons confirmé les
nouvelles réalités que nous avons créées dans le Caucase du Sud aux niveaux
diplomatique, international et politique. Le monde entier a accepté les
nouvelles réalités.
()… Nous avons repris cette année quatre villages du district de Gazakh, sans tirer une seule balle, par des moyens politiques. L’Arménie ne nous aurait jamais restitués volontairement ces villages.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am et de APA