Arménie : Un dirigeant hors sol

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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On connaissait la combativité et le courage ‘exceptionnels’ du Premier ministre Nigol Pachinian face au président Ilham Aliev, se battant bec et ongle pour ne rien céder du territoire arménien, pour rapatrier les prisonniers politiques arméniens détenus en Azerbaïdjan, ou pour régler le sort des 120.000 Arméniens chassés du Haut-Karabakh ; on vient de découvrir ses talents de politicien hors pair et de juriste émérite, et par là-même ce que Pachinian entend par la « véritable Arménie » en opposition au terme « Arménie » plus connu dans la diaspora arménienne. Déjà l’an dernier, il avait commencé à parler d’une Arménie « réelle ».

 

Pourquoi une telle envolée philosophico-lyrique face à une population qui ne demande qu’à vivre correctement sur ses terres, sans une épée de Damoclès sur la tête ?

 

La raison en est très simple. Le dictateur azéri lui a demandé de changer la Constitution afin que le mot ‘Haut-Karabakh’ disparaisse des textes officiels. Qu’à cela ne tienne, qu’est-ce que Pachinian ne ferait pas pour que Aliev signe l’accord de paix.

 

Vouloir qu’un accord de paix soit signé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, tout le monde est d’accord. Personne à ce jour, mis à part les intéressés eux-mêmes, ne sait exactement ce qu’il va recouvrir. Le flou artistique dans ce domaine ne sera pas de mise, sinon, le document ressemblera à l’accord de cessez-le-feu tripartite de Moscou du 9 novembre 2020 ; on a vu le résultat – Le Haut-Karabakh et ses 120.000 habitants ont purement et simplement disparus des radars de l’Arménie.

 

Autres questions toutes aussi importantes. Qui va s’assurer que l’accord sera respecté ? Garantir la sécurité ? Voire intervenir le cas échéant ?  

 

Là encore, même s’il existe un accord militaire Erevan-Moscou, on ne verra pas l’armée russe poindre le bout de son nez, d’autant moins qu’elle est occupée ailleurs. L’Union européenne est inexistante sur le plan militaire, le personnel de l’EUMA est missionné pour observer la frontière arméno-azérie - sans plus, de surcroit, l’attention de l’UE est exclusivement fixée sur le devenir de l’Ukraine et pas du tout sur le sud-Caucase; Quant aux Etats-Unis, la charte du partenariat stratégique Washington-Erevan, signé le 16 janvier dernier, ne porte pas sur les relations Erevan-Bakou, quand bien même Donald Trump saurait situer l’Arménie sur une carte, c’est le dernier de ses soucis, business mis à part.

 

Pour le Premier ministre, la notion de république arménienne est un concept à géométrie variable. Ainsi :

-      Du 28 mai 1918 au 29 novembre 1920 il y a eu la première république dénommée « république démocratique d’Arménie » ;

-      Du 29 novembre 1920 au 21 septembre 1991 il y a eu la seconde république dénommée « république soviétique d’Arménie », pour devenir à partir de 1936 officiellement la « RSS d’Arménie » ;

-      Du 21 septembre 1991 à ce jour c’est la « république d’Arménie »

 

Il n’est pas impossible qu’avec les manipulations territoriales de Pachinian, d’ici quelques temps il cède, en plus des 57 km² qu’il vient d’offrir à Bakou, les 243 km² occupés par l’armée azérie depuis décembre 2020 - Ne nous faisons pas d’illusions, Ilham Aliev ne restituera pas jamais les territoires qu’il a conquis après la guerre des 44 jours. Et, je ne tiens pas compte de la délimitation en cours de la frontière avec l’Azerbaïdjan dans laquelle l’Arménie risque de perdre encore quelques km². On aura alors une quatrième république dénommée « la véritable république d’Arménie » d’une superficie de 29.500 km² (29.743 – 243), soit 300 km² de moins que lorsque Pachinian est arrivé au pouvoir.

 

Pour Bakou, il y a encore un lieu où le terme ‘Haut-Karabakh’ est toujours présent, c’est dans le Groupe de Minsk de l’OSCE – en charge du règlement du conflit Arménie-Azerbaïdjan depuis 1992, qui, bien que non actif depuis 2020, n’a pas été dissout. C’est le dernier levier que le ‘courageux’ Premier ministre abandonnera la ‘mort dans l’âme’, à la demande d’Ilham Aliev, cela va de soi.

 

Comme il a été rappelé plusieurs fois, la liste des exigences azerbaidjanaises n’est pas close : - L’ouverture du ‘couloir du Zanguézour’ et la cession du territoire qui va avec ; - Le retour des milliers d’Azerbaidjanais ayant fui l’Arménie lors de la première guerre du Karabakh – (quid des Arméniens qui vivaient en Azerbaïdjan ? mais ça, n’intéresse pas Aliev)  ; - Et cerise sur le gâteau, les réparations que devra payer l’Arménie pour les dommages causés à l’Azerbaïdjan pendant et après les deux guerres.

 

Les destructions culturelles et cultuelles menées par la soldatesque azérie, des biens arméniens situés sur le territoire azerbaidjanais depuis 1994 – notamment au Nakhitchevan, dans le Haut-Karabakh depuis 2020, et plus encore depuis octobre 2023, ne font pas parties du logiciel azerbaidjanais. On se venge comme on peut. Et la population azerbaidjanaise de s’installer dans les biens laissés par les Karabakhis, à l’image de la population turque qui s’était accaparée des biens des Arméniens au lendemain du génocide de 1915 (1).

 

Les pourparlers, soi-disant de paix, permettent en fait à Bakou de préparer une troisième guerre pour relier physiquement l’Azerbaïdjan à la Turquie et avoir la continuité du monde turcique (2). L’armement défensif de l’Arménie ne tiendra pas longtemps, surtout si la Turquie rentre dans la mêlée comme en 2020.

 

Au fait, où en est l’accord de paix ? Quinze points sur les dix-sept sont actés et validés depuis plusieurs mois.

 

Les deux à valider étaient : Le renoncement aux revendications internationales l’un envers l’autre et Le non-déploiement de représentants de pays tiers à la frontière [arméno-azerbaïdjanaise]. Cependant, il y a quelques jours, le vice-président du parlement azerbaïdjanais, Ziyafet Askerov, a souligné que les deux dispositions à approuver, l'une concerne l'amendement de la constitution arménienne, l'autre le « corridor de Zanguézour ».

 

Ce sont des points paramétrables à géométrie variable.

 

On voudrait jouer la montre que l’on ne s’y prendrait pas autrement. D’où la double question : A qui profite ces atermoiements et pourquoi ?

 

 

 

 

(1) : Avec cette différence que les avoirs financiers des Arméniens de Turquie avaient enrichi les Jeunes Turcs, avant d’être entreposés dans les banques allemandes. Sommes qui ont aidé à la naissance de la nouvelle Turquie de Mustapha Kemal.

 

(2) : Aliev et ses inconditionnels n’oublient pas rappeler à l’occasion que les 3/4 du territoire arménien sont en fait le ‘Zanguézour occidental’ et que le ‘couloir du Zanguézour’ n’est que le sud du Zanguézour occidental, c'est-à-dire la région du Syunik, en Arménie.

 

 

 

 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmeniande APA, ainsi que de l’Union européenne. 


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Arménie

 


Le 14 février, une téléréunion a eu lieu entre les commissions arménienne et azerbaïdjanaise sur la démarcation et la sécurité des frontières, présidée par le vice-Premier ministre arménien Mher Krikorian et le vice-Premier ministre azerbaïdjanais Shahin Mustafayev.

 

Au cours de la réunion, les parties ont examiné les projets de directives nécessaires aux efforts globaux de démarcation des frontières et ont échangé sur l'organisation de la prochaine réunion en présentielle de la commission, a rapporté le bureau de presse du ministère arménien des Affaires étrangères.

Suite

 

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Union européenne – France

 


Le Premier ministre Nigol Pachinian a rencontré le président du Conseil européen, António Costa, en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité.

 

Les interlocuteurs ont discuté d’un certain nombre de questions liées à l’agenda de coopération entre l’Arménie et l’Union européenne. Le Premier ministre a souligné le soutien continu de l'UE à la promotion constante des réformes démocratiques en Arménie. Il a rappelé que 

Suite

 

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Russie

 


Le député de la Douma d'Etat russe Konstantin Zatulin a déclaré lors d'une table ronde organisée à Moscou par l'Institut de la CEI et le Club international Lazarev :

 

« L’Azerbaïdjan tente de réécrire rétrospectivement l'histoire du Haut-Karabakh et de son héritage culturel arménien. Le procès des dirigeants de l'Artsakh à Bakou fait partie d'un processus plus large de falsification historique.

 

Bakou cherche à s’approprier les monuments arméniens d’importance historique, notamment les monastères médiévaux d’Amaras et de Gandzasar. Ces sites historiques et culturels du Haut-Karabakh remontent à une période où les Azerbaïdjanais n’existaient pas encore dans la région et encore moins formé de nation.

 

De même, le procès à Bakou contre les anciens dirigeants du Haut-Karabakh s’inscrit dans la même logique de falsification de l’histoire et d’appropriation du patrimoine arménien. Ce processus judiciaire reflète la stratégie plus large de l’Azerbaïdjan visant à célébrer en permanence sa victoire sur les Arméniens, en particulier sur le peuple de l’Artsakh.

 

Tout cela vise à faire apparaître le Haut-Karabakh comme s’il avait toujours été un territoire culturel, ethnique, national et étatique de l’Azerbaïdjan. »

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 

La parodie de procès (suite)



Au cours du procès en cours devant le tribunal militaire de Bakou, les autorités azerbaïdjanaises ont accusé les dirigeants politiques et militaires de l'Artsakh d'avoir recruté des mercenaires et d'avoir réinstallé des Arméniens de la diaspora au Haut-Karabakh. L'acte d'accusation mentionne l'implication d'organisations telles que l'ASALA.

 

Le parquet accuse les Arméniens de la diaspora qui ont participé à la guerre d'Artsakh d'être des « terroristes » et accuse l'unité « Black Panther » de l'organisation VOMA de leur dispenser un entraînement militaire. 

Suite


 

 

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmeniande APA, ainsi que de l’Union européenne.