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Commentaires
et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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Croire que les négociations Arménie-Turquie, et surtout Arménie-Azerbaïdjan, vont bon train serait une grande erreur.
On a vu qu'Ankara attendait
qu’un accord de paix soit signé entre Erevan et Bakou avant de faire quoi que
ce soit. D’ici là, les réunions se poursuivent sans résultat probant. Nigol
Pachinian n’étant pas avare de gestes ‘amicaux’, tous les sujets qui fâchent
sont ôtés des discussions, à commencer par la reconnaissance du génocide de 1915
par Ankara.
Vu que pour lui,
l’histoire de l’Arménie commence à partir de la seconde république arménienne –
RSS d’Arménie, il a décidé de supprimer le mot ‘Ararat’ des textes et/ou des
chants officiels. Dans sa logique, le mont Ararat se trouvant en Turquie, il
n’y a aucune raison d’en faire un sujet important. Tout comme l’Artsakh fait
partie intégrante de l’Azerbaïdjan, donc il ne faut plus en parler. Aussi, il
est prêt à donner son accord pour que l’OSCE dissolve le groupe de Minsk. Et
tant pis, si ce faisant, les Artsakhiotes perdent tout espoir de retourner chez
eux. D’ailleurs, il n’est pas dit qu’ils puissent le faire même en acceptant la
citoyenneté azerbaïdjanaise, vu que leurs biens ont été confisqués et
redistribués.
Toujours pour amadouer le
côté turc, se trouvant au forum économique de Davos, Nigol Pachinian a commencé
à jouer les révisionnistes, au grand dam de la communauté arménienne de Suisse
et de toute la diaspora arménienne, en philosophant sur le terme ‘génocide’
concernant les événements de 1915. Aucun homme politique arménien n’avait osé
tenir de tels propos. Tant et si bien, qu’il a dû rétropédaler une fois rentré
en Arménie face à la levée de boucliers, et de déclarer : « Nier ou réfuter le fait du génocide
est un délit pénal en Arménie. Le fait du génocide est indiscutable et
indéniable. »
Le grand politicien qu’il
croit être dans les Affaires étrangères, est persuadé que ses génuflexions vont
amadouer le tandem turco-azéri. Soit il a zappé l’histoire arménienne des
siècles derniers, soit il a du mal à saisir les buts poursuivis par le tandem,
soit les deux.
Il est également persuadé
que l’Union européenne va lui venir en aide quand la situation avec Bakou se
dégradera, car elle va se dégrader. Certes, l’UE lui prodiguera des paroles encourageantes
tout en lui allouant des subsides, mais n’enverra personne pour la défendre, au
mieux, elle lui vendra de l’armement défensif. L’exemple de l’Ukraine est là ;
avec cette différence que l’Arménie n’est pas capable de résister très longtemps
à l’armée azérie.
Quant à croire que
Bruxelles va lui ouvrir les portes en vue d’une adhésion future, cela reste un
doux rêve dans le contexte actuel. Là aussi, les exemples ne manquent pas. En juin
2022, les vingt-sept pays de l'UE ont accordé à l'unanimité le statut de
candidat à la Moldavie, ainsi qu’à l'Ukraine, en guerre avec la Russie depuis
février 22. En novembre 24, la Géorgie qui était officiellement candidate
depuis décembre 23, a stoppé son processus d’adhésion à l’UE.
Ces trois pays font, ou
faisaient (?), partie du partenariat oriental de l’UE. Ils ont un statut de zone
de libre-échange approfondi et complet avec l’UE et une libéralisation totale
des visas, ce qui leur a permis d’aller plus en avant et envisager une adhésion.
Petit problème concernant l’Arménie : en octobre 2013, le président Serge
Sarkissian a choisi d’intégrer l'Union économique eurasiatique (UEE), et il y a
incompatibilité entre l’UE et l’UE. Ce qui n’empêche pas que des accords
sectoriels soient signés.
Si Nigol Pachinian
persiste dans ses objectifs, il risque fort de lasser Poutine, lequel a plus
d’un argument dans son sac pour lui faire entendre raison :
-
Les
bonnes relations que Moscou entretient avec le tandem turco-azéri ;
- Les très bonnes relations Moscou-Bakou,
dont les échanges commerciaux sont fleurissants, sans compter le transit du gaz
russe revendu par Bakou aux européens ;
-
C’est
Moscou qui pilote les organisations créées après la chute de l’URSS : CEI
(Communauté des États indépendants), OTSC (Organisation du traité de sécurité
collective), UEE (Union économique eurasienne) ; organisations dont l’Arménie
est toujours membre. Cette dernière (UEE) lui permet d’avoir des tarifs
préférentiels sur ses exportations, mais également pour les importations, pour
le gaz notamment. À noter que le gaz iranien ne peut pas suppléant 100%
Gazprom, le diamètre des gazoducs Iran-Arménie est insuffisant.
Le danger imminent reste toujours
le voisin azéri. De même que dans les années 2022-2023 il y avait des signes
avant-coureurs, comme les soldats russes de la paix qui remplissaient
incomplètement leur mission, qui était de protéger les Karabakhis et d’assurer
le bon fonctionnement du ‘couloir’ de Latchine, ou comme Aliev qui piétinait allègrement
l’accord de cessez-le-feu du 09/11/2020 concernant le dit ‘couloir’, 2024 se
caractérise par un accord de paix qui n’en finit d’aboutir.
La raison en est très
simple. Le dictateur ne tient absolument pas à signer un accord de paix qu’il
sait pertinemment ne pas tenir. Son objectif est d’établir la liaison Azerbaïdjan-Nakhitchevan
avec ou sans l’accord de Pachinian. Liaison qui, bien sûr, ne sera pas sous
administration arménienne. Ce qui explique pourquoi les deux points restants de
l’accord de paix fluctuent au gré de Bakou. Et quand bien même l’Arménie
accepterait les propositions d’Aliev, le potentat trouverait d’autres raisons
pour retarder la signature.
La question est toujours
la même. Elle n’est pas de savoir si l’Azerbaïdjan va attaquer, mais quand il va
attaquer ?
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Traduction
Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, et du Parlement européen
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Arménie
« Il y a une très forte probabilité que le Parlement arménien adopte la loi sur le lancement du processus d'adhésion à l'UE », a déclaré le Premier ministre Nigol Pachinian lors d'une table ronde à Davos en marge du Forum économique mondial.
« Le projet de loi a été initié par la société civile et approuvé par le gouvernement. Juridiquement, cela va signifier que nous entamons un processus de rapprochement avec l’Union européenne. Si nous voulons nous rapprocher de l’UE, c’est parce que nous sommes une démocratie. Quand on est une démocratie, on veut se rapprocher des démocraties, car le contraire serait illogique.
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Union
européenne – France
Nathalie Loiseau,
députée européenne, a déclaré :
« L’aspiration de l'Arménie à rejoindre l'Union européenne n'est pas surprenante. L’Arménie a pris une décision souveraine.
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Russie
« Nous sommes prêts à fournir l’assistance nécessaire à la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans tous les domaines sur la base des accords trilatéraux conclus par les dirigeants des trois pays en 2020 et 2022,
Du point de vue de Moscou, ces accords restent pertinents, notamment à la lumière de la situation actuelle dans la région. La sécurité régionale occupe une place importante dans nos actions concernant le Caucase du Sud », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avant sa rencontre avec son homologue arménien Ararat Mirzoyan.
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Turquie-Azerbaïdjan
La séance préparatoire du procès de Ruben Vardanian, citoyen arménien et accusé de torture, de mercenaire, de violation des lois et coutumes de la guerre, de terrorisme, de financement du terrorisme et d'autres articles(*) du Code pénal de la République d'Azerbaïdjan, s'est poursuivie le 27 janvier.
La requête de l'ancien ministre d'État d'Artsakh, Ruben Vardanian, dont le dossier est traité séparément des quinze autres accusés, a également été rejetée. Vardanian avait demandé 30 jours supplémentaires pour se familiariser avec les éléments du dossier.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, et du Parlement européen