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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
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A force de se rapprocher de l'Inde, le Premier ministre arménien a adopté la pratique du mantra, nonobstant les écueils permanents soulevés par le président azerbaïdjanais.
Son dernier discours devant l'Assemblée nationale arménienne en est une nouvelle fois la preuve « L'Arménie et l'Azerbaïdjan reconnaissent mutuellement leur intégrité territoriale, leur souveraineté, l'inviolabilité de leurs frontières internationalement reconnues, ainsi que l'inadmissibilité du recours à la force et de la menace de la force. » (Sic)
Analyses ses propos lénifiants.
Bakou n'a jamais reconnu
'l'intégrité territoriale' de l'Arménie, d'une superficie de 29.743 km², vu qu'à ce jour il occupe 243 km² du territoire arménien, les déclarés comme sien.
Il en est de même de la « souveraineté » . Ilham Aliev a toujours déclaré que le Zanguézour, l'actuel Syunik (sud de l'Arménie), est une terre azérie. Et que tôt ou tard, il en reprendra possession, ce qui résoudra le problème du 'couloir'.
En ce qui concerne 'l'inviolabilité de la frontière commune', basé sur l'accord d'Alma-Ata de décembre 1991, si elle internationalement admise, Bakou ne l'accepte pas, du moins pas formellement. Si c'était le cas, alors pourquoi devoir délimiter de nouveau le tracé de la frontière ? Les cartes de l'État-major de l'Union soviétique étaient censées faire foi dans ce domaine. Quid de la petite enclave arménienne en Azerbaïdjan ?
Reste 'l'inadmissibilité du recours à la force et de la menace de la force' . On retrouve là une formulation qui date de 2007, qui était l'un des trois principes de base proposés par le groupe de Minsk de l'OSCE. L'Azerbaïdjan n'a jamais respecté ce principe, ni d'ailleurs les deux autres (intégrité territoriale et égalité des droits et autodétermination des peuples). Et surtout maintenant, car c'est grâce à la menace d'utiliser à la force qu'Aliev obtient de l'Arménie à peu près tout ce qu'il veut.
Alors que Nigol Pachinian flotte toujours sur son nuage pacifique, lors du Forum diplomatique d'Antalya le ministre des Affaires étrangères arménien Ararat Mirzoyan a accordé une interview aux représentants de plusieurs médias turcs. A l'une des questions sur l'avancement de l'accord de paix avec l'Azerbaïdjan, il a déclaré :
« Le problème, c'est que nous avons parfois le sentiment que l'Azerbaïdjan refuse tout simplement de construire la paix avec l'Arménie. Je ne peux pas dire pour quelles raisons, mais nous craignons qu'ils ne souhaitent pas finaliser la normalisation, ni les négociations pour la signature du traité de paix.
Il existe plusieurs autres pistes. Nous avons formulé plusieurs propositions sur les questions de connectivité, de vérification mutuelle et de contrôle des armements. Nos propositions étaient très concrètes et solides. Aucune réponse positive n'a été reçue. Le sentiment est qu'ils ne veulent tout simplement pas finaliser ce processus de normalisation et qu'ils ne vont pas construire la paix. De plus, nous observons aussi, de temps à autre, des signes d'escalade sur le terrain. Nous constatons cette escalade dans le discours des dirigeants azerbaïdjanais, et malheureusement, nous constatons que cette escalade pourrait également se transformer en escalade sur le terrain. »
(Sic)
Y aurait-il de l'eau dans le gaz gouvernemental ?
En attendant, on comprend surtout que ce qui turlupine le dictateur azéri, c'est le regard de l'étranger.
En premier lieu, celui de l'Union européenne. La proximité politique de l'Arménie avec l'UE lui déplait fortement. Erevan reçoit des subsides, alors qu'il n'a rien. Tous les ans un rapport accablant est établi par le parlement européen à la rencontre de l'Azerbaïdjan, tant sur ses dérapages que sur ses manquements. Depuis février 2023, plus de deux cents observateurs civils patrouillant le long de la frontière, côté Arménie ; ce qui n'empêche pas Bakou d'ouvrir le feu et d'accuser les Arméniens. Une vieille habitude multi-décennale.
Parmi les vingt-sept, un pays le tance exclusivement, la France. Qui plus est, Paris livre des armes défensives à son ennemi. Il n'oublie pas qu'elle est toujours l'un des coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE. Ce qui explique pour partie, qu'Aliev veuille se débarrasser du groupe de Minsk.
En second lieu, celui des Organisations internationales. Citons pêle-mêle, l'ONU et son Conseil de sécurité, la Cour pénale internationale (CPI) dont l'Arménie fait partie mais pas l'Azerbaïdjan, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). L'Arménie fait appel à ces organismes pour trancher les différents avec l'Azerbaïdjan. Bakou fait souvent pareil en représentant le même argumentaire. Différence notable, Aliev exécute rarement les décisions de la Cour. On note que ces démarches auprès de l'étranger gênent grandement le potentat. Aussi, il l'a intégré comme 17e point de l'accord de paix et demandé spécifiquement à Pachinian de le valider. Et Nigol de s'exécuter.
A l'inverse, il y deux pays qui ne le dérangent absolument pas : Les deux autres coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE - La Russie et les Etats-Unis.
Le choix de Nigol Pachinian de tourner le dos à la Russie en 2019 pour se rapprocher de l'UE, a fortement détérioré les relations Erevan-Moscou. Conséquence : La Russie, « ex-Phénix des hôtes Transcaucasiens », a laissé le tandem turco-azéri régler son contentieux avec l'Arménie, malgré les accords militaires passés avec cette dernière. Malgré l'accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020, les 2.000 soldats russes de la paix qui stationnaient dans le couloir de Latchine ont laissé faire la soldatesque azérie, ce qui a abouti au nettoyage ethnique du Haut-Karabakh. La guerre russo-ukrainienne n'a fait que renforcer le lien Bakou-Moscou. Aliev aide Poutine à écouler son gaz vers l'Union européenne et à passer outre les sanctions de l'UE.
Les États-Unis sont devenus les grands 'copains' de l'Azerbaïdjan par Israël interposé, suivant l'adage « Les amis de mes amis sont mes amis ». Israël est le pays chéri de Trump, à qui tout est permis. Bakou lui achète de l'armement en quantité, en échange de produits énergétiques, et de plus, lui permet notamment d'être aux premières loges pour espionner son voisin méridional, l'Iran.
On peut également mettre dans cette catégorie de pays 'amis', l'Italie, avec laquelle les échanges se portent très bien, et surtout la Hongrie de Victor Orban, pays observateur dans le Conseil turcique, qui ne manque pas une occasion pour mettre en avant l'Azerbaïdjan au détriment de l'Arménie.
A l'inverse, pour Bakou, « les amis de mes ennemis sont mes ennemis », avec en premier lieu la France, suivie de l'Allemagne, du Canada, voire des pays nordiques. Bref tous les pays qui ont des critiques à formuler à son égard.
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Traduction
Extrait de Radiolour , de PanArmenian , de News.am , et de APA
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Arménie
Lors de la discussion du rapport sur la mise en œuvre du Plan d'action du gouvernement, le Premier ministre Nigol Pachinian a déclaré :
« Malgré toutes les difficultés et complications, le gouvernement et moi-même ne dévierons pas du programme de paix. Il est évident que certaines forces, en Arménie comme à l'étranger, mènent quotidiennement une propagande guerrière et appellent à des actions concrètes pour la concrétiser. Parmi ces actions, la rhétorique guerrière de l'Azerbaïdjan se distingue, tout comme les fausses accusations de violations du cessez-le-feu contre l'Arménie et les violations fréquentes, voire quotidiennes, du cessez-le-feu par les forces armées azerbaïdjanaises. Ces violations sont
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Union européenne – France
Depuis le mois de mars, la mission de l'UE en Arménie (EUMA) a augmenté le nombre de patrouilles nocturnes le long de la frontière Arménie-Azerbaïdjan afin de renforcer la sécurité et la sûreté nocturnes et d'atténuer les tensions éventuelles.
« Nos observateurs restent engagés 24 heures sur 24, assurant une présence continue jour et nuit », a déclaré l'EUMA.
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États-Unis
Le Département d'État américain a décidé d'annuler des programmes d'aide étrangère dans plusieurs pays, dont l'Arménie. Cette information a été confirmée par le Département de
l'efficacité gouvernementale (DOGE).
« Le secrétaire d'État Marco Rubio continue de réévaluer l'aide étrangère du Département d'État. Aujourd'hui, 139 subventions inefficaces, d'une valeur de 215 millions de dollars, ont été supprimées », a déclaré DOGE.
Outre l'Arménie, la suspension du financement affecte également la Biélorussie, la Bulgarie, le Brésil, le Royaume-Uni, le Kirghizistan, la Libye, la Mauritanie, la Moldavie, la Tunisie, l'Ouzbékistan et le Sri Lanka.
L'Agence américaine pour le développement international (USAID) a également annoncé qu'à compter du 8 février, tous les personnels contractuels non essentiels du monde entier seraient mis au chômage partiel, à l'exception du personnel essentiel aux missions, des cadres supérieurs et de ceux travaillant sur des programmes spéciaux. Les employés en poste à l'étranger ont reçu pour instruction de rentrer aux États-Unis dans les 30 jours.
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Russie
« Il y a quelques turbulences dans les relations arméno-russes en raison des aspirations de l'Arménie à adhérer dans l'UE, malgré son adhésion à l'Union économique eurasienne (UEE), » selon la députée de la Douma d'Etat russe et chef du Conseil des ONG Eurasie, Alyona Arshinova.
Toutefois, Archinova salue les relations étroites entre les peuples arménien et russe, « C'est plus qu'une simple relation fraternelle. Nous vivons essentiellement ensemble. »
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Turquie-Azerbaïdjan
Le président Ilham Aliev a commenté en détail l'incident impliquant un post avec le drapeau de l'Artsakh sur la page officielle du président allemand Frank-Walter Steinmeier.
Selon Aliev, plusieurs facteurs ont fait douter du caractère accidentel de cette publication. L'un d'eux était la déclaration de l'ambassadeur d'Allemagne, convoqué au ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, selon laquelle l'Allemagne ne présenterait pas d'excuses.
« Bien sûr, nous avons tous été très surpris de voir cela. Nous avions du mal à croire qu'il s'agissait d'une erreur, car l'Allemagne est un pays doté d'une longue tradition d'État. Tous les symboles sont
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Extrait de Radiolour , de PanArmenian , de News.am , et de APA
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