Quid de l’accord de paix Arménie-Azerbaïdjan ?


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Les jours se suivent et se ressemblent.

 

1- L’Arménie attend toujours que l’Azerbaïdjan daigne décider d’une date de finalisation de l’accord de paix ; l’Azerbaïdjan attend que l’Arménie satisfasse à deux exigences supplémentaires, préalables, en principe, à la signature de l’accord, en plus des dix-sept points de l’accord. 

Selon Ilham Aliev, les négociations avec Nigol Pachinian se résument à : « Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est négociable ; et si tu n’es pas content, j’ai encore d’autres pré-conditions. En attendant, je casse et je détruis. »

 

2- L’Arménie attend toujours que la Turquie veuille bien mettre en œuvre, en vue de la normalisation de leur relation, les quelques décisions prises lors des rencontres entre leurs représentants ; la Turquie attend que l’accord de paix Erevan-Bakou soit signé pour s’exécuter.

Selon Recep Tayyip Erdoğan, les négociations avec Nigol Pachinian se résument à : « Je lèverai le blocus de l’Arménie lorsque la liaison Ankara-Bakou sera totalement libre ; d’ici là, on peut se voir tant que tu veux. »

 

Force est de constater que la série de gestes de bonnes volontés de Pachinian ne semble pas être payée de retour. Non seulement la date de signature d’un accord de paix ne s’approche pas, mais s’éloigne petit à petit. Le Premier ministre arménien a beau supprimer de son langage les vocables qui fâchent la partie turco-azérie, des « gros mots » tels que : « Karabakh ; superficie et frontière selon la déclaration d'Alma-Ata de 1991 ; Génocide des Arméniens ; Mont Ararat ; etc. », rien ni fait.

 

Le ‘superman’ arménien est toujours persuadé qu’il a à faire à des démocrates soucieux de leur parole et de leur apparence vis-à-vis de la communauté internationale. Sa méconnaissance volontaire de l’histoire arménienne, ne lui permet pas d’appréhender le but ultime des successeurs de l’empire ottoman.

 

Ce qui compte pour Pachinian, c’est « l’Arménie réelle ». Ce qui importe pour les Turco-Azéris, c’est le territoire arménien, de préférence sans Arméniens.

 

Difficile de construire un avenir stable si l’on ignore volontairement son passé. Il verrait notamment que même en position d’infériorité et de faiblesse – ce ne sont pas les exemples qui manquent dans l’histoire arménienne, il y a d’autres possibilités que celle de ‘courber l’échine’ devant l’ennemi, et que l’issue n’est pas forcément la guerre.

 

Si au moins avec cette manie de se plier aux exigences du dictateur, il obtenait quelque chose en échange, même pas ! Tout est au bon vouloir d’Aliev. Le potentat n’a nulle intention de restituer quoi que ce soit, au contraire, il exige encore plus à chaque fois, soutenu en cela par Ankara.

 

Cela ressemble fortement au comportement de Vladimir Poutine vis-à-vis de Volodymyr Zelensky. Officiellement, Moscou veut faire la paix, mais à ses conditions ; Conditions qui consistent particulièrement à récupérer tout le Donbass et le sud du pays, voire les accès à la mer Noire. Avec cerise sur le gâteau, un changement de dirigeant.

 

Transposé pour l’Arménie cela donne : Un tracé frontalier conforme à la vision de Bakou ; Aliev garde les 243 km² qu’il occupe depuis 2021 ; il impose le ‘couloir du Zanguézour’ en mode ex-territorial – c'est-à-dire une Arménie coupée de l’Iran ; et en lieu et place d’un changement de dirigeant (Pachinian fait très bien l’affaire), un changement de la Constitution.

 

Cela dans un premier temps. Pour plus tard, le retour d’un million d’Azerbaïdjanais sur le territoire arménien, de préférence dans le Syunik.

 

La similitude va jusqu’au troisième intervenant, Trump dans la guerre Ukraine-Russie et Erdoğan dans le conflit Arménie-Azerbaïdjan. Le premier n’en à rien faire de l’Ukraine sinon à essayer de rentrer dans ses frais, de préférence avec quelques bénéfices. Le second, n’a que faire de l’Arménie et des Arméniens, qui sont une épine dans le pied des Ottomans depuis le XIXᵉ siècle. Son objectif, relier le monde turcique par voie terrestre.

 

Moscou dispose d’un arsenal important, de la chair à canon et des engins balistiques. Bakou est surarmé, interdit à l’Arménie de s’équiper, lui interdit d’élever le ton sur le plan international, lui interdit d’avoir des observateurs étrangers à proximité de sa frontière, lui interdit de faire la moindre allusion au Karabakh. Pour ce faire, il dispose 23 prisonniers et de 16 ex-dirigeants de l’Artsakh qu’il exhibe dans un simulacre de procès.

 

Et le Premier ministre Pachinian, entouré de ses inconditionnels nationaux et diasporiques, d’applaudir à un accord de paix en bonne et du forme, suivi en cela par la communauté internationale qui ne voit que la partie émergée de l’iceberg. Comme dirait Erdoğan, il faudrait ajouter le mot ‘sözde’ devant ‘paix’.

 

 

 

 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, du Parlement européen, ainsi que de l’Union européenne. 


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Arménie

 

« Nous pensons que le programme de paix doit être mis en œuvre et poursuivi. Cela signifie affronter toutes les difficultés et tenter de les résoudre. La conclusion des négociations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan est un événement très important », a déclaré le Premier ministre arménien Nigol Pachinian dans une interview à la télévision publique.

 

« Nous avons un document qui est acceptable à la fois pour l'Arménie et pour l'Azerbaïdjan, et donc la prochaine étape doit logiquement être la signature de ce document. Je suis prêt à apposer ma signature sous le texte.

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Union européenne – France

 

Lors de la session plénière du 2 avril, le Parlement européen a adopté les rapports annuels sur la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l'Union européenne, qui incluent des références spécifiques à l'Arménie.

 

Les rapports réaffirment l'engagement de l'UE envers l'Arménie et saluent ses efforts en vue de finaliser un traité de paix. Ils appellent l'Azerbaïdjan à protéger le patrimoine culturel et religieux arménien du Haut-Karabakh et à libérer les 23 captifs arméniens détenus à Bakou. 

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États-Unis

 

La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) signale une détérioration de la liberté religieuse en Azerbaïdjan, citant des abus contre les prisonniers de guerre arméniens et la destruction de sites religieux.

 

Elle a publié son rapport annuel, décrivant la situation de la liberté religieuse en Azerbaïdjan comme une détérioration en 2024.

 

« Les détenus chrétiens arméniens sont fréquemment soumis à des traitements cruels, notamment des coups, des violences psychologiques, le refus de soins médicaux et d'une alimentation adéquate. 

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Russie

 

Le Premier ministre Nigol Pachinian participera aux célébrations du 80ᵉ anniversaire de la Victoire de la Grande Guerre Patriotique qui se tiendront à Moscou le 9 mai, a indiqué le Kremlin, citant les détails de la conversation téléphonique entre le Premier ministre arménien et le président russe.

 

On notera que le président Ilham Aliev sera également présent aux célébrations. 

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Turquie-Azerbaïdjan

 

Le 2 avril, le président Ilham Aliev et le président Frank-Walter Steinmeier ont fait des déclarations à la presse et ont répondu aux questions des journalistes. Extraits du discours d’Aliev :

 

« L’Azerbaïdjan a souffert de l’occupation arménienne pendant 30 ans. Notre peuple a été soumis à un nettoyage ethnique. Un million d’Azerbaïdjanais se sont retrouvés sans abri à cause de l’agression arménienne et environ 20% de nos terres ont été occupées. Malheureusement, les organisations internationales n’ont pas pris de mesures sérieuses sur cette question. L’Azerbaïdjan a résolu ce conflit et le droit international lui-même sur le champ de bataille et au niveau politique. 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA,  du Parlement européen, ainsi que de l’Union européenne. 

 

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